
COLUMBO – S01E02 – KEN FRANKLIN – LE LIVRE TÉMOIN / MURDER BY THE BOOK
Avec cet épisode arrive le premier assassin vraiment détestable. Rien ne vient sauver Ken Franklin, ni la mise en scène, ni l’excellente réalisation de Steven Spielberg et encore moins l’acteur qui joue son rôle à la perfection. Voilà le tour de force de cet épisode : mettre en scène un assassin pour lequel on n’éprouve aucune empathie. Arrogant, méprisant, sûr de lui, Don Juan sur le retour, profiteur, jouisseur, rien dans sa personnalité n’incite à la clémence. Il est détestable en tout point. C’est le premier du genre dans cette série et le premier a ouvertement refusé l’affrontement avec Columbo, ou du moins à ne pas l’apprécier. Il ne cache pas son aversion pour les intrusions du lieutenant et agit en roi dans son château.
Si le voir « saccager » le lieu du rapt peut prêter à rire, sa mine, en mode fier de lui-même, nous fait rapidement changer d’avis. Par contraste, on a pour la victime une empathie décuplée. Il nous fait autant de peine que la mort de Carol dans le téléfilm. (Je ne compte pas l’épisode précédent, où le temps d’antenne de la victime est ultra court.) Lorsque le mobile se dessine, c’est pire. Ken Franklin tue pour l’argent, certes, pour une police d’assurance mais surtout il tue par orgueil. Il tue pour ne pas que soit dévoilée la vérité : il n’a pas écrit une seule ligne des romans policiers dont il est crédité en tant que « co-auteur ». Oui, Ken Franklin est vraiment un salaud.
Son attitude entérine ce fait. Il sourit à tout bout de champ (hormis lorsque Columbo est sur ses traces). La scène du restaurant où Lilly LaSanka déguste des fraises pendant que la caméra nous montre l’assassin en gros plan, suintant de sourires tous plus abominable les uns que les autres m’ont hérissé le poil. Il faut dire que la réalisation de Steven Spielberg est un sans-faute. Sa maîtrise confère à l’épisode un aspect cinématographique et on ne détourne pas le regard une seule fois de tout l’épisode. Certains plans sont géniaux : les fraises donc, mais aussi le diner chez la buraliste lorsque Ken débouche le champagne au premier plan, ou plus tôt la conversation entre Columbo et l’assassin à quelques centimètres l’un de l’autre.
Ken est donc un profiteur. Il parasite le talent de son ami et associé, il drague comme on respire, il dépense sans compter. Mais il est aussi un idiot. Ou, pour être moins provocateur, il ne pense pas aux autres, ou alors en fonction de ce qu’ils lui apportent ou pas. C’est la raison pour laquelle il ne peut imaginer que Columbo puisse le confondre.
A noter : pour la troisième consécutive, le réalisateur nous donne a penser que l’assassin va oublier un élément clef sur les lieux de son méfaits en s’attardant dessus, avant qu’une main ne viennen sans saisir ! (Ici, c’est un briquet. Dans l’épisode précédent, il s’agissait d’une mallette et dans le téléfilm, un mouchoir sur le combiné téléphonique.
Jack Cassidy : Acteur de théâtre à l’origine, il a obtenu un Tony (équivalent de nos Molière) et deux Emmy Awards. Il a joué 3 fois l’assassin dans les épisodes de Columbo. Il connut une mort tragique : il mourut dans l’incendie de son appartement à Hollywood survenu pendant son sommeil, le dimanche décembre 1976. La police et les pompiers conclurent à un accident provoqué par une cigarette restée allumée. Il avait 49 ans.
Filmographie sélective
Au cinéma
- 1961 : Look in Any Window : Gareth Lowell
- 1977 : The Private Files of J. Edgar Hoover de Larry Cohen : Damon Runyon
À la télévision
- 1962 : Mister Magoo’s Christmas Carol : Bob Cratchit (voix)
- 1968 : Ma Sorcière bien-aimée : Rance Butler (saison 5, épisode 2 « Le baiser rédempteur »)
- 1969 : Ma Sorcière bien-aimée : George Dinsdale (saison 6, épisode 26 « Quand l’amour condamne »)
- 1971 : Ma Sorcière bien-aimée : Harrison Woolcott (saison 8, épisode 17 « La Fortune pour Serena »)
- 1971 : Columbo : Le Livre témoin (Murder by the Book) (série) : Ken Franklin
- 1974 : Columbo : Édition tragique (Publish or Perish) (série) : Riley Greenleaf
- 1974 : The Phantom of Hollywood : Otto Vonner / Karl Vonner
- 1976 : Columbo : Tout n’est qu’illusion (Now You See Him…) (série) : Le Grand Santini
- 1977 : Benny and Barney: Las Vegas Undercover : Jules Rosen