
Histoire
Abigail Mitchell est une auteur renommé de romans policiers et désormais fort riche. Elle habite une grande et belle demeure, accompagnée de sa secrétaire, d’une femme de chambre et d’une cuisinière. Abigail est inconsolable et vindicative de la disparition de sa nièce tant aimée, Phyllis. En effet, Abigail est convaincue qu’Edmund, le mari de Phyllis, se trouve être à l’origine de cette disparition qu’elle visualise comme un meurtre sur conjoint camouflé en accident. De fait, Edmund a déclaré avoir été seul avec sa compagne sur un voilier puis qu’elle soit tombée accidentellement dans l’eau. Le corps de Phyllis n’a cependant jamais été retrouvé, ce qui devrait pourtant se faire en de pareilles circonstances. Malgré de sérieux indices (il était connu de tous que son couple battait de l’aile et que son décès lui apporterait une certaine somme d’argent), l’enquête policière a été véritablement bâclée. Edmund ne s’est pas retrouvé inquiété le moins du monde. Par égards pour sa chère nièce, Abigail entend désormais faire justice elle-même et punir son neveu par alliance.
Avis
Un duel au sommet, un rythme sans temps mort, quelques rebondissements : voilà un excellent épisode ! Abigail Mitchell, interprétée par Ruth Gordon y est pour beaucoup. Cette vieille dame du crime, inspirée par Agatha Christie, est drôle, énergique et touchante. Elle ne se remet pas de la mort de sa nièce, assassinée par son mari, un bellâtre sportif, attiré par l’argent. A moins que ?… L’épisode ne tranche pas cette question, il laisse planer le doute et ce doute-là rend l’épisode encore meilleur. Abigail a-t-elle raison de penser que son gendre à tué sa nièce ou est-ce le délire d’une vieille femme qui a passé sa vie à imaginer des histoires criminelles ? Les actions du gendre, Martin, ne nous aident pas vraiment à trancher. Certes il semble ricaner en regardant une photo de la disparue; certes il n’a aucune photo de sa femme dans son appartement : mais sont-ce des preuves suffisantes pour étayer la théorie d’Abigail ? Quoi qu’il en soit, elle le condamne à une mort horrible : par asphyxie dans sa chambre forte.

Sitôt la chambre forte refermée, regrette-t-elle son geste ? Doute-t-elle d’elle-même et de ses convictions ? Est-elle effrayée par ce qu’elle vient de faire ? Le mobile du meurtre, malgré sa cruauté, nous rend l’acte d’Abigail compréhensible. A tel point que c’est le premier épisode où j’ai vraiment eu envie que l’assassin s’en tire. C’est aussi le seul épisode où de cette époque où l’assassin fait appel au bon cœur de Columbo, et lui demande de passer l’éponge. Columbo refuse mais elle aurait dû sans douter. Dans une excellente scène sur la jetée, entre deux échanges de confidences, Abigail dit au lieutenant qu’il est gentil (au premier sens du terme, dans le sens d’une grandeur d’âme). Ce à quoi Columbo répond : « ne comptez pas sur ça ». Impitoyable.

Ce mélange entre moments de tension et de légèreté est maitrisé de bout en bout.
elle s’amuse, énergique et se joue du lieutenant (les clefs, une dernière chose…)
valérie la secrétaire la seule à ne pas mourir en faisant chanter un columbo si ça ce n’est pas une preuve qu’il ne fallait pas l’arrêter !
Anecdotes
- Le thème du meurtre est l’auto-justice d’une personne éplorée. C’est la première fois dans la série que ce mobile est présent.
- La secrétaire Veronica va faire pression sur sa patronne car elle a trouvé les clés compromettantes et cherche à recevoir compensation; pour autant c’est la première fois qu’une personne menaçant un coupable ne trouve pas la mort en retour : elle va en croisière avec elle.
- Columbo va comprendre la colère et la rancune d’Abigail devant la mort suspecte de sa nièce, comprenant que le ménage en question n’était pas heureux et qu’Edmund était fort probablement un assassin. Son dialogue avec elle à ce moment-là est touchant.
- On apprend dans cet épisode que les parents de Columbo sont décédés.
- Le chien de Columbo est présent et obéit même à un ordre du lieutenant de revenir le voir.
- Le personnage d’Abigail s’inspire fortement d’Agatha Christie. Elle la cite aussi lors d’une conférence comme modèle.
- On peut remarquer une première faute de raccord à 10 min 12 s. Le testament que vient de signer Edmund Galvin est posé ouvert sur le bureau. Or, dans le plan précédent, le conseil d’Abigail Mitchell avait déjà pris et replié le document.
- Une seconde faute de raccord est présente à 1 h 05 min 25 s. Columbo pose une quatrième boîte métallique sur une étagère du coffre-fort. Or, seules deux boîtes ont été précédemment déposées. Dans le plan précédent, on peut d’ailleurs clairement distinguer les deux boîtes manquantes. La troisième boîte n’a donc jamais été déplacée…
- Il s’agissait de la première diffusion de Columbo hors soirée à thème. Jusqu’à présent, Columbo faisait partie d’une émission – le NBC Mystery Movie, qui tournait avec Un shérif à New York (1970), McMillan & Wife (1971) (sans le « and Wife » lors de sa dernière saison), Quincy ( 1976), et d’autres. Lorsque le Mystery Movie a été annulé, Quincy a été transformé en une série hebdomadaire, et Columbo a continué seul son format de 90 minutes pour la saison 1977-78 et a ensuite été annulé. L’émission est restée inactive jusqu’à ce qu’elle soit relancée par ABC en 1989.
- Lorsque Columbo trouve Abigail Mitchell sur le navire, elle lui demande s’il navigue également. Il lui dit que lui et « Mme Columbo l’ont essayé une fois … ». Il fait référence à Columbo : Eaux troubles (1975).
- Le navire illustré alors qu’Abigail Mitchell et Veronica se préparent à partir pour leur croisière est le navire américain President Lines SS President Wilson. Vendue à la ligne Orient Overseas de CY (Chao-yung) Tung au milieu de 1973, elle a été rebaptisée Oriental Empress et a reçu une toute nouvelle livrée. Le fait que sa livrée beaucoup plus ancienne American President Lines soit vue dans cet épisode indique qu’il s’agissait en fait d’images d’archives.
- Le 747 présenté est le même que celui utilisé dans 747 en péril (1974).
- « This Old Man » est la chanson souvent sifflée ou chantée (en partie) par Columbo tout au long de la série. Vers le début de « Try & Catch Me », Columbo joue seul les deux premières mesures de « This Old Man ». Des décennies plus tard dans Murder with Too Many Notes , diffusé le 12 mars 2001, Columbo demande à Rebecca de lui apprendre à jouer » This Old Man » au piano.
- Sergent Burke est joué par deux acteurs : Jerome Guardino le joue dans cet épisode, et Todd Martin le joue dans Columbo : Les surdoués (1977).
- L’appartement d’Edmund Galvin est le même décor utilisé par Universal que l’appartement à New York appartenant à Rudy Jordache (Peter Strauss) dans Les héritiers (1976).
- Gene Thompson, qui obtient des crédits pour l’histoire et le co-scénariste , et Paul Tuckahoe, qui est crédité comme co-scénariste, sont respectivement les pseudonymes de Richard Alan Simmons et de Luther Davis. Simmons était producteur pour Columbo pendant la période de cet épisode et a eu une longue association avec Peter Falk. Simmons a écrit le scénario télévisé de The Dick Powell Show: Price of Tomatoes (1962), qui a été nominé pour un Emmy d’écriture et a remporté l’Emmy pour Falk, sept ans avant de jouer Columbo pour la première fois. Davis a écrit le scénario d’ Une femme dans une cage (1964), un certain nombre de comédies musicales (par exemple, L’étranger au paradis (1955)), et a remporté deux Mystery Writers of America Edgar Awards, parmi de nombreuses autres réalisations.
- À 80 ans, Ruth Gordon (Abigail Mitchell) était l’acteur le plus âgé à jouer un meurtrier à Columbo.
- Abigail Mitchell est la seule meurtrière à avoir demandé à Columbo de ne pas l’arrêter. Elle lui a demandé s’il pouvait faire une exception après avoir dit qu’il comprenait pourquoi elle avait tué la victime. Il a poliment refusé.